Article de Annie Claire « Nous reverrons Sara Veyron chanter très souvent, nous l’espérons « 

le 1 octobre 2013 rubrique , En scène
 

Qui d’autre était aussi bien placée, aussi professionnelle, bonne chanteuse et comédienne, que Sara Veyron pour interpréter les chansons écrites par Georges de Cagliari et en faire un spectacle? Assurément personne d’autre qu’elle.

C’est chose faite et l’entreprise est réussie, talent et émotion sont dans la salle. L’auteur aussi, qui n’en perd pas une miette (du spectacle), une fraction de miette, devrais-je dire. Pierre Margot, un des compositeurs est aussi présent. Quant au brillant pianiste, Philippe Mira, il a réalisé tous les arrangements.

C’est là que l’on aimerait savoir bien distiller le temps pour savourer tous les instants de ce spectacle, la richesse des textes (poétiques, romantiques, engagés) et toutes les notes des musiques. Parce que des belles notes, dieu sait qu’il y en a sur le piano de Philippe Mira. Ça, nous l’avions déjà remarqué à Avignon en 2012, au théâtre Au Bout Là-bas où Sara Veyron a créé ce spectacle. Et ce n’est pas pour s’en plaindre bien au contraire.

Le classicisme règne aussi, je devrais dire l’exigence et la précision de l’écriture de Georges de Cagliari ainsi que la fine interprétation et la mise en scène de Sara Veyron. Sur le premier titre,Complainte à François Villon, dont la superbe mélodie revient à Jehan, Sara Veyron adopte une posture résolument droite et positive qui augure la suite du spectacle. Sa voix haute et  mélodieuse renforce la musicalité des textes. Le titre éponyme de l’album La beauté du ventcomposée par Eddy Schaff est un régal à tous points de vue, les paroles, la mélodie et la profondeur du texte.

Tous les textes sont beaux et la parfaite diction de Sara Veyron nous fait profiter de la richesse de ces chansons/poèmes. De plus, c’est génie et générosité que d’avoir fait appel à des compositeurs attitrés d’Allain Leprest comme Gérard Pierron, Romain Didier et Etienne Goupil. Sur les mots de Banlieues blues, Pierre Margot a installé une « musique sans amarres » sur « le fil de la blessure ». L’alternance des ambiances des chansons suffit à renouveler notre attention, point n’est besoin de paroles introduisant les morceaux, les poèmes chantés s’enchaînent doucement, naturellement. C’est un vrai partage de cœur à oreille.

Personnellement j’ai été assez émue par Femmes du Maghreb, dont les variations mélodiques dues à Fred Parker m’ont fait penser à Hélène Martin chère à notre cœur. Et puis sur La vieille et la pluie, très émouvant texte sur le temps et le sel de la vie, Sara s’incline progressivement en signe de recueillement accompagnant la progression de l’intensité des mots.

Saluons Georges de Cagliari qui une fois encore nous a charmés de sa belle langue par la bouche de Sara Veyron qui a su « mordre goulûment la bouche du soleil pour embraser les mots« . La soirée fut douce et nous en sortons amis de la vie.

Chanter est un acte d’amour disait Barbara : Sara Veyron nous le démontre bien. Amour des mots, amour des gens, des nuances de sentiment, amour de la vie et de son sens, persuadée est-elle que l’on n’est rien tout seul. L’équipe réunie pour ce spectacle, et le disque qui en est le prolongement, est efficace. C’est du bel ouvrage, et quelle élégance !

Ne ratez pas la sortie de l’album « La beauté du vent » , qui aura lieu le 5 octobre au Café de la Danse à Paris. Misons que les places vont être très demandées.

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